Aller au contenu principal
Hivers doux en Lorraine

 

La Lorraine, notre région (ou ancienne région, dorénavant regroupée sous la région Grand-Est) est située dans le nord-est de la France, qui connaît un climat de type continental, avec des étés chauds et des hivers froids et neigeux. Cependant, depuis quelques années, les hivers sont de plus en plus doux, avec des températures supérieures à la normale et peu de jours de gel ou de neige. Quelles sont les causes de ce phénomène ? Est-ce un signe de dérèglement climatique ?

 

Les influences océaniques et méditerranéennes

La Lorraine est soumise à l'influence de plusieurs masses d'air, qui peuvent varier selon les saisons et les situations météorologiques. Parmi elles, on trouve l'air océanique, qui vient de l'Atlantique, et l'air méditerranéen. Ces deux masses d'air sont relativement douces et humides, et peuvent apporter de la pluie ou du brouillard en hiver. Elles ont tendance à adoucir les températures, en particulier dans les plaines et les vallées, où le relief est moins marqué.

Lorsque l'air océanique ou méditerranéen domine, les hivers sont donc plus doux en Lorraine, avec des températures souvent comprises entre 5 et 10°C. Cas le plus marquant, par exemple, de l'hiver 2019-2020, qui a été le plus chaud jamais enregistré en Lorraine, avec une température moyenne de 6,1°C à Nancy entre décembre et mars (données Météo France). Il n'y a pratiquement pas eu de gelées ni de neige de tout l'hiver sur l'agglomération. 

 

L'absence d'air polaire ou continental

A l'inverse, lorsque l'air océanique ou méditerranéen est repoussé par des masses d'air plus froides et plus sèches, les hivers sont plus rigoureux en Lorraine. C'est le cas de l'air polaire, qui vient du nord, et de l'air continental, qui vient de l'est. Ces deux masses d'air sont caractérisées par des températures basses, souvent négatives, et peu d'humidité. Elles peuvent apporter du gel, de la neige ou du vent en hiver. Ce qui fut le cas cette 3ème semaine de janvier 2024, se concluant par une confrontation de masses d'air, une plus douce et une plus froide, provoquant des pluies verglaçantes et un épisode de neige. 

Elles sont plus fréquentes dans les reliefs, comme les Vosges ou le plateau lorrain, où le climat est plus rude.

Lorsque l'air polaire ou continental domine, les hivers sont donc plus froids, avec des températures souvent inférieures à 0°C. 

C'est le cas, par exemple, de l'hiver 1984-1985, souvent pris en exemple comme une norme par une partie de la population, mais qui a été, en réalité, un des plus froid du XXe siècle en Lorraine, avec une température moyenne de -1,8°C à Nancy entre décembre et mars (données Météo France). Il y a eu de nombreuses gelées et de fortes chutes de neige, qui ont atteint jusqu'à 80 cm à Bordeaux ou 70 cm à Saint-Tropez, par exemple ! 

Mais n'oubliant pas 1954 et 1956, des ovnis hivernaux, référence des plus anciens qui ont profondément été marqués par des températures très anormalement glaciales : -15°C de moyenne des maximales pour le seul mois de février 1956.

⚠️Un hiver que personne ne souhaite revivre ou connaître !

Il faut bien garder à l'esprit que ce type d'hiver n'est pas plus “normal” qu'un hiver très doux.⚠️

Enfin, n'oubliant pas que le passé minier et sidérurgique de la région était vecteur d'une forte pollution, y compris des basses couches. Lors d'hivers plus anticycloniques, favorisant les inversions thermiques et les phénomènes brumeux, alors les neiges industrielles, ou dites de pollution, étaient très courantes (particules d'eau en surfusion, c'est-à-dire sous 0°C, qui gèlent au contact de poussières, qui retombent sous forme de flocons une fois lourdes). Phénomène qu'on observe encore aujourd'hui dans une moindre mesure, aux abords des autoroutes de la région, de la centrale de Cattenom, ou des grands sites industriels du sillon lorrain. 

La présence d'air plus doux océanique ou méditerranéen bloquant l'air froid polaire ou continental, favorise amplement les hivers doux. 

 

Le changement climatique 

Le changement climatique est un phénomène global, qui se traduit principalement par une augmentation de la température moyenne de la planète, due à l'accumulation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Ce phénomène a des conséquences sur le climat, qui devient plus instable et plus extrême, avec des événements météorologiques plus fréquents et plus intenses, comme les canicules, les sécheresses, les inondations ou les tempêtes.

Le changement climatique a également un impact sur les hivers en Lorraine, qui deviennent de plus en plus doux, avec des températures plus élevées et moins de jours de gel ou de neige. Selon Météo France, la température moyenne hivernale en Lorraine a augmenté de 1,7°C entre 1900 et 2019. Cependant, la plupart des stations en Lorraine sont créées au-delà de cette année, la station de Nancy-Essey étant créée en 1924, par exemple. Ces données sont donc indicatives d'une tendance au réchauffement depuis le début des relevés, d'un point de vue de rigueur scientifique. 

Le changement climatique réduit également l'enneigement du massif vosgien, qui est essentiel pour le tourisme et la biodiversité de la région.

 

Les cycles climatiques

Le climat hivernal lorrain est fortement influencé par les cycles climatiques à courte et à longue échéance. Les cycles courts, comme l’oscillation nord-atlantique (ONA), déterminent la trajectoire des masses d’air qui apportent de la douceur ou du froid sur la région. Les cycles à longue échelle de temps, comme les cycles de Milankovitch, modifient la quantité d’énergie solaire reçue par la Terre et peuvent provoquer des périodes glaciaires ou interglaciaires. Ainsi, le climat hivernal Lorrain a connu des variations importantes au cours de l’histoire de la Terre, allant de la présence d’une calotte glaciaire à une végétation plus verdoyante. Ces variations ont des impacts sur les écosystèmes, les ressources naturelles, et les activités humaines de la région.

On notera que les premiers relevés météorologiques commencent à la fin de la dernière période glaciaire, fin du XIX ème siècle, avant les premières grandes influences humaines sur le climat, de part les activités polluantes. On observe ainsi une hausse des températures continue depuis cette période, y compris avant l'explosion de l’utilisation de la machine à vapeur, appuyant le rôle et l'influence de ces cycles sur la climatologie, et plus indirectement sur la météorologie de la région.

 

Conclusion

Les hivers doux en Lorraine sont le résultat de plusieurs facteurs, qui peuvent varier d'une année à l'autre. Ils sont principalement liés à l'influence de masses d'air douces et humides, qui viennent de l'océan ou de la Méditerranée, et à l'absence de masses d'air froides et sèches, qui viennent du nord ou de l'est. Ils sont également influencés par le changement climatique, ainsi que les cycles climatiques courts et longs, qui augmentent la température moyenne de la région et réduisent l'enneigement des montagnes, entrecoupées d'années plus froides sur des cycles courts.

Les hivers doux en Lorraine sont donc normaux. Ils trouvent, certes, une influence dans le changement climatique qui pourrait avoir des conséquences importantes sur l'environnement et la société à long terme, qui doivent nous appeler aux bons réflexes en matière de lutte contre la pollution, un réflexe d'ordre moral et éthique avant toute considération politique et personnelle, mais ce changement n'est qu'un des facteurs du climat lorrain.

Par ailleurs, la présence de séries d'hivers plus doux n'excluent pas non plus la possibilité de séries d'hivers plus froids, sous l'influence de ces autres facteurs du climat lorrain. 

 

Analyse et rédaction :

Les Neigistes - Météo Lorraine 

 

Sources :

Archives Les Neigistes

GIEC - 6ème rapport, 2021

CRPG 

Données Météo France 

 

[Cet article a été rédigé en janvier 2024, et se base sur des données antérieures. Il doit être considéré comme une empreinte au moment de sa rédaction, mais ne peut remettre en question les avancées scientifiques ou actualisation de données qui pourraient subvenir après sa rédaction. Il n'est pas une négation au changement climatique, et ne donne aucune excuse au lecteur pour adopter des comportements susceptibles de nuire à l'environnement. Aussi, il ne peut être utilisé ou considéré comme tel, ou repris partiellement, de manière à influencer le lecteur, sous peine de poursuites.]